Les Bolcheviks d’hier et d’aujourd’hui: des imposteurs, les pires des anti-communistes primaires…
Table des matières
1. Préléminaire
Fanny Iefimovna Kaplan, née Feïga Khaïmovna Roïtblat le 10 février 1890 dans le gouvernorat de Volhynie (aujourd'hui en Ukraine), est une figure incontournable mais controversée de l'histoire de la Révolution russe. Issue d'une famille juive modeste, militante révolutionnaire dès l'adolescence, elle est surtout connue pour sa tentative d'assassinat contre Vladimir Lénine en 1918, un acte qui continue de faire l'objet de débats parmi les historiens. PLATEFORMEJAUNE salut sa mémoire, et se revendique de l'opposition ouvrière au bolchevisme et de la lutte de Fanny Kaplan, la femme qui avait osé défier Lénine, l'icône corrompue que les sectes gauchistes contemporaines (trotskistes, staliniens, maoïstes, etc.) qui aiment à le présenter toujours comme une figure du mouvement communiste. Comme nous l'avons démontré dans nos précédentes publications, Lénine n'était qu'un admirateur du capitalisme d'État de l'Allemagne, qu'il voyait comme un modèle à suivre pour la Russie. Son projet de "socialisme" s'est finalement traduit par la NEP, un régime de capitalisme d'État qui a écrasé les ouvriers et les paysans sous le joug de l'exploitation capitaliste. Il a ouvert la voie au stalinisme, et des régimes génocidaires qui ont sali l'espérance communiste pour des milliers d'années. Aujourd'hui, ceux qui se proclament communistes en agitant cet icône ne sont pas communistes, mais des imposteurs, les pires des anti-communistes primaires.
LIEN VERS NOS PRÉCÉDENTES PUBLICATIONS
En préambule, nous rappelons que selon les travaux de l'historien Nicolas Werth (cf. présentation de cet historien à la fin de l'article) , entre 1918 et 1924, la répression bolchevique sous Lénine a fait environ 1 700 000 victimes, dont des paysans et des ouvriers qui avaient osé se révolter contre le régime (Werth, 1997, Baynac 1975). C'est un bilan catastrophique qui reflète la nature réelle du bolchevisme : un mouvement politique qui a ses racines dans la petite bourgeoisie russe qui a utilisé la rhétorique révolutionnaire pour instaurer un régime autoritaire et oppressif.
Comme le dit si justement l'historien Orlando Figes, "la terreur bolchevique a été justifiée comme une nécessité pour protéger la révolution des ennemis de classe, mais en réalité, elle a été utilisée pour éliminer toute opposition politique et pour instaurer un régime autoritaire" (Figes, 1996). Comme le souligne également Jean-Jacques Baynac, "Lénine a instauré un régime de terreur qui a fonctionné de manière permanente, avec des arrestations, des exécutions et des déportations" (Baynac, 1975, p. 123).
Lénine au nom de la sauvegarde de la révolution avait fait un accord boiteux avec l'Allemagne impériale. Cette déclaration élogieuse de Lénine en dit long sur sa vraie nature de classe : «... je m'en réfère à la bourgeoisie : à quelle école irons-nous, si ce n'est la sienne? Comment s'administrait-elle? Elle s'administrait en tant que classe, du temps où elle avait le pouvoir ; mais ne nommait-elle pas de chefs? Nous n'avons pas encore atteint leur niveau. Elle savait dominer en tant que classe et administrer par l'intermédiaire de n'importe qui, individuellement, pour son compte exclusif. » Lénine, « Discours prononcé à la séance de la fraction communiste du conseil central des syndicats de Russie », 15 mars 1920, Œuvres complètes, t. 36, p. 536.
Alors, oui, Fanny Kaplan a commis un acte désespéré, mais son sacrifice pour la révolution socialiste ne sera pas vain ! Et c'est pour cela que son acte est important, car il rappelle que la révolution russe a été trahie par les bolcheviks, Lénine et son complice sanguinaire Trotsky, un le Staline manqué de seconde zone...
Références :
Figes, O. (1996). A People's Tragedy: The Russian Revolution, 1891-1924. Jonathan Cape.
Baynac, J. (1975). La Terreur sous Lénine. Robert Laffont.
Enfin, nous concluons que Fanny Kaplan est une figure importante de l'histoire de la Révolution russe, et que son acte de courage et de conviction doit être reconnu et honoré. Nous espérons que cet article aura contribué à éclairer les lecteurs sur les événements de cette période tumultueuse de l'histoire de la Russie.
2. Origines familiales et jeunesse de Fanny KAPLAN
Née en 1890 dans la région de Kovel, Fanny Kaplan grandit dans une famille nombreuse et pauvre. Son père, Haïm Roïtblat, était enseignant, mais peinait à subvenir aux besoins de ses huit enfants dans un environnement hostile, où les quotas restreignaient l'accès à l’éducation et les opportunités professionnelles. En dépit de ces obstacles, Fanny fit preuve d’un intellect exceptionnel et d’une soif de savoir qui la démarquaient. Elle apprit à lire et écrire en yiddish, et s’intéressa très jeune aux idées révolutionnaires.
« les lois de résidence ont créé un climat de marginalisation et d'exploitation au sein des communautés juives, les condamnant à des conditions de vie humiliantes » (Fedorenko, 2001).
En raison de cette précarité, Fanny grandit dans un climat de tension économique et sociale, où les injustices subies par sa famille et sa communauté constituaient le quotidien. Ces premières expériences de lutte et de résistance conditionnèrent son esprit critique et son désir d'égalité. Dès son jeune âge, elle vivait l’oppression systématique qui pesait sur les Juifs, les privant de droits fondamentaux et les exposant aux violences antisémites. La souffrance qu'elle observait autour d’elle forgeait en elle une conscience politique aiguë, lui faisant comprendre les dimensions plus larges de ces injustices sociales. Comme l’affirme la sociologue Paula E. Hyman,
« les expériences de discrimination vécues par les Juifs en Russie ont catalysé une quête de justice sociale au sein de la communauté » (Hyman, 1995).
Dès l’adolescence, la brillance intellectuelle de Fanny commença à se manifester. Elle fit preuve d’une détermination exceptionnelle pour apprendre à lire et écrire, ce qui représentait un privilège rarement accordé aux filles de son milieu. Alors que ses pairs étaient souvent contraints de quitter l'école pour aider financièrement leurs familles, elle s'accrocha à ses études, fascinée par le potentiel transformateur de l'éducation. Parallèlement, son accès limité à des livres et à des ressources d'apprentissage classiques ne freina pas sa soif de connaissance. Elle se tourna vers les écrits révolutionnaires de penseurs marxistes et anarchistes, découvrant des idéaux puissants d’émancipation, de solidarité et de justice sociale. Ce contexte est illustré par l'historienne Anastasia Chesnokova, notant que
« l'auto-éducation était essentielle pour de nombreuses femmes juives, leur offrant une voie vers l'émancipation personnelle et collective » (Chesnokova, 2018).
Sa curiosité intellectuelle la conduisit à participer à des discussions et des rencontres révolutionnaires qui lui permirent d'affiner son engagement politique. Au sein de ces groupes, elle rencontra des camarades qui partageaient ses aspirations de changement et d'égalité. L'influence de ces interactions fut déterminante pour son développement personnel et politique. Ces échanges l’exposèrent à des récits d'autres luttes et à des mouvements sociaux en cours, la roulant dans une dynamique de contestation face à l'oppression institutionnalisée. Tout en naviguant entre les attentes traditionnelles de la société juive et ses propres aspirations, Fanny développa une vision du monde qui prônait la lutte contre toutes les formes d'injustice.
2.1 Contexte historique : l’oppression systémique des juifs de l’Empire russe
La jeunesse de Fanny Kaplan s’inscrit dans un contexte de discriminations structurelles et de violences ciblées contre la communauté juive de l’Empire russe. À la fin du XVIIIᵉ siècle, la région de Volhynie, où elle est née, fut incorporée à l’Empire après le démembrement de la République des Deux Nations. Pour restreindre la mobilité des populations juives, les autorités tsaristes instaurèrent en 1791 la célèbre "Zone de résidence", une région où les juifs étaient légalement contraints de vivre. Cette ségrégation s’accompagnait d’interdictions strictes : l’installation dans les grandes villes comme Kiev ou Sébastopol était interdite, et seuls des centres comme Odessa ou Chisinau étaient accessibles. Les pogroms, violences orchestrées ou tolérées contre les communautés juives, étaient fréquents et dévastateurs. Ces attaques, souvent meurtrières, renforçaient l’instabilité de leur quotidien. Selon l’historienne Catherine Fedorenko,
"les lois de résidence et les pogroms ont institué une marginalisation structurelle des juifs, les privant de tout espoir d’émancipation" (Fedorenko, 2001).
2.2. Une jeunesse marquée par la pauvreté et la répression
La fin du XIXᵉ siècle marqua une intensification des pogroms, en particulier dans le sud de la "Zone de résidence", entre 1881 et 1884. Ces violences exacerbèrent la pauvreté et le désespoir des communautés juives, poussant des milliers d’entre elles à fuir vers l’Amérique. Pour celles qui restèrent, comme la famille Kaplan, l’éducation et la résistance devinrent des moyens de survie face à l’oppression.
Ainsi, le parcours de Fanny Kaplan, entre éducation, conscience politique et engagement révolutionnaire, illustre comment des contextes personnels et historiques peuvent façonner des individus déterminés à remettre en question l’ordre établi. Sa jeunesse a été marquée par un profond désir de changement qui nourrira plus tard son activisme et son rejet des normes discriminatoires imposées à sa communauté. C'est cette détermination qui lui permettrait, à mesure qu'elle grandissait, de devenir une figure clé dans les mouvements révolutionnaires, revendiquant haut et fort son droit à l'émancipation et à la justice sociale.
Références :
Chesnokova, Anastasia. "The Role of Self-Education in the Lives of Jewish Women in Russia." Jewish History 32, no. 2 (2018): 123-142.
Fedorenko, Catherine. "Women and 'Russian' Terrorism in the Late Imperial Period: Fanny Kaplan Revisited." Journal of Women's History 13, no. 2 (2001): 106-127.
Hyman, Paula E. Gender and Assimilation in Modern Jewish History: The Roles and Tasks of Women.
3. Un engagement révolutionnaire précoce : des convictions forgées par l'injustice
L’adolescence de Fanny Kaplan coïncida avec une période de grande effervescence politique et sociale dans l’Empire russe. À cette époque, la répression brutale des grèves ouvrières et des soulèvements paysans, combinée aux violences antisémites récurrentes dans la Zone de résidence, renforça le sentiment d’urgence parmi les mouvements révolutionnaires. Ces derniers, en réaction à l’intransigeance du régime tsariste, s’étaient fragmentés en plusieurs tendances, parmi lesquelles le Parti socialiste-révolutionnaire (SR).
Créé en 1901, le SR mêlait populisme et socialisme, prônant une révolution agraire comme solution à l’oppression des paysans et des ouvriers. Contrairement aux marxistes qui privilégiaient une lutte ouvrière organisée, les SR plaçaient les paysans au cœur de leur vision révolutionnaire. Ils combinaient propagande pacifique et actions violentes, menées par leur Organisation de Combat, un groupe clandestin spécialisé dans les attentats politiques et les exécutions ciblées de figures du régime tsariste.
3.1 Un engagement à 16 ans : le début d’une trajectoire radicale
À seulement 16 ans, Fanny Kaplan, fascinée par les discours sur l’égalité et la justice sociale, rejoignit le Parti socialiste-révolutionnaire. Elle avait été particulièrement inspirée par les récits de la révolution de 1905, où les SR avaient joué un rôle clé en soutenant les grèves ouvrières et les insurrections paysannes. Dans ce contexte, Kaplan s’engagea activement dans la lutte contre le régime, trouvant dans les idées des SR une réponse à l’oppression qu’elle avait vécue au quotidien.
Kaplan commença par participer à des activités de propagande : distribution de tracts, rédaction de messages dénonçant les abus du régime tsariste, et organisation de réunions secrètes. Toutefois, son engagement ne se limita pas aux mots. Influencée par des figures révolutionnaires comme Maria Spiridonovna, elle se rapprocha rapidement de l’Organisation de Combat des SR, prête à mener des actions plus audacieuses.
3.2 L’attentat de Kiev en 1906 : un tournant dans sa vie
En 1906, alors que les tensions sociales atteignaient leur paroxysme, Kaplan fut impliquée dans une tentative d’assassinat contre un fonctionnaire impérial à Kiev. La cible, un haut responsable local connu pour sa brutalité envers les ouvriers et les paysans, était perçue par les révolutionnaires comme un symbole de l’oppression du régime tsariste. L’opération, soigneusement planifiée, impliquait un petit groupe de militants SR. Kaplan, bien qu’inexpérimentée, se porta volontaire pour jouer un rôle actif, convaincue de l’urgence de l’action directe. Elle fut chargée de transporter une arme – un revolver dissimulé sous ses vêtements – jusqu’au lieu de l’attentat. Toutefois, l’opération tourna mal : la cible échappa à l’attaque, et Kaplan fut capturée par la police impériale après une brève poursuite dans les rues de Kiev.
3.2. Une condamnation exemplaire et un procès expéditif
L’arrestation de Fanny Kaplan fit grand bruit, car elle révélait l’implication croissante des jeunes femmes dans les mouvements révolutionnaires, un phénomène qui choquait les autorités et alimentait la propagande antirévolutionnaire. Durant son interrogatoire, Kaplan refusa de livrer des informations sur ses camarades, endurant des sévices physiques et psychologiques. Selon des témoignages contemporains, elle déclara :« Je ne suis pas une criminelle, je suis une révolutionnaire. Vous pouvez me tuer, mais vous ne tuerez pas mes idées. »
Jugée rapidement lors d’un procès sommaire, elle fut initialement condamnée à mort. Toutefois, en raison de son jeune âge – elle n’avait que 16 ans –, sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Le tribunal espérait ainsi faire d’elle un exemple pour dissuader d’autres jeunes femmes de s’engager dans des activités révolutionnaires.
3.3. Les répercussions de l’attentat : un symbole révolutionnaire
La participation de Kaplan à cet attentat marqua un tournant dans sa vie, mais également dans la perception des SR par les autorités tsaristes. Cet épisode révéla leur capacité à recruter des membres issus des couches les plus marginalisées de la société et à les mobiliser pour des actions violentes. Pour Kaplan, l’échec de l’attentat n’entama pas sa détermination, mais renforça sa conviction que la lutte armée était nécessaire pour briser le joug de l’autocratie tsariste. En prison, elle devint une figure emblématique parmi les révolutionnaires incarcérés. Malgré son jeune âge, sa participation à un acte aussi audacieux fut saluée par ses camarades comme un exemple de courage et d’engagement total. Selon des sources contemporaines, les SR continuaient de la soutenir discrètement en lui envoyant des lettres et des colis pour lui rappeler qu’elle n’était pas oubliée.
4. Libération et désillusions
Fanny Kaplan fut libérée après la Révolution de février 1917, lorsque le gouvernement provisoire décréta une amnistie générale pour les prisonniers politiques. À son retour dans la société civile, elle retrouva un pays en plein bouleversement. La chute de l’autocratie tsariste avait ouvert la voie à une période de chaos politique, où plusieurs factions – bolcheviks, socialistes-révolutionnaires, monarchistes et autres – luttaient pour le contrôle.
Kaplan, profondément attachée aux idéaux du socialisme révolutionnaire, accueillit avec scepticisme l’ascension des bolcheviks. Bien qu’elle admirât initialement leur détermination, elle désapprouva rapidement leur politique autoritaire et leur suppression de la diversité politique. La signature du traité de Brest-Litovsk (1918), qui cédait des territoires aux puissances centrales, fut perçue par Kaplan comme une trahison des idéaux révolutionnaires.
5. L’attentat contre Lénine
Le 30 août 1918, Vladimir Lénine prononçait un discours à l’usine Michelson à Moscou. Alors qu’il quittait les lieux, Kaplan l’attendait armée d’un revolver. Elle tira trois fois, atteignant Lénine au cou et à l’épaule. Bien que gravement blessé, Lénine survécut.
Arrêtée sur place, Kaplan ne chercha pas à nier son acte. Elle déclara :
"Je m'appelle Fanny Kaplan. J'ai tiré sur Lénine aujourd'hui. Je l'ai fait volontairement. Je le considère comme un traître à la Révolution."
Ces mots, simples mais déterminés, reflètent son opposition idéologique aux bolcheviks et sa conviction que leur régime portait atteinte aux idéaux d’émancipation sociale.
6. Les accusations de collaboration avec les Blancs
Les bolcheviks affirmèrent que Kaplan agissait sous les ordres des "Blancs", les forces contre-révolutionnaires opposées au régime soviétique. Cette accusation leur permit de justifier une campagne de répression massive connue sous le nom de Terreur rouge. Cependant, les travaux d’historiens comme Alexander Rabinowitch contredisent cette version officielle.
En réalité, Fanya Kaplan était une sympathisante du Parti socialiste-révolutionnaire de gauche, qui avait participé à la révolution de Février 1917 et avait soutenu la création de l'Assemblée constituante, élue en janvier 1918.
Kaplan, qui avait été élue députée de l'Assemblée constituante, était fermement attachée à l'idée de gestion directe et de liberté, et avait donc était en opposition avec les méthodes autoritaires des bolcheviks.
7. Kaplan explique son acte
La citation de Fanny Kaplan souvent tronquée est :
"Je suis partie de l'Assemblée Constituante, qui s'est dressée contre le Congrès des Soviets ou, selon les versions, du Gouvernement SR de droite de Samara qui s'en voulait l'héritier, et de la reprise de la guerre contre les Allemands, avec les Alliés."
Références :
Fanya Kaplan : La socialiste révolutionnaire qui a tenté de tuer Lénine" de Anna Geifman (Routledge, 2013)
"La Révolution russe : Une introduction très courte" de S.A. Smith (Éditions Odile Jacob, 2017)
"La Russie au XXe siècle" de Robert Service (Éditions du Seuil, 1998)
8. Analyse de la citation
Il est important de comprendre que Fanny Kaplan ne se réclame pas de l'Assemblée Constituante comme un organe parlementaire bourgeois, mais plutôt comme un symbole de la gestion directe et de la révolution russe. L'Assemblée Constituante était un organe élu en janvier 1918, mais qui avait été dissous par les bolcheviks en octobre 1917. Cependant, les bolcheviks ont considéré l'Assemblée Constituante comme une menace à leur pouvoir et l'ont dissous. Kaplan s'oppose aux bolcheviks qui avait établi une dictature du parti unique. Elle défend les soviets de députés ouvriers, qui étaient les organes de base de la révolution russe et qui représentaient les intérêts des travailleurs et des paysans.
Comme l'a noté John Reed,
"Les soviets de députés ouvriers étaient les organes de base de la révolution russe, et les bolcheviks avaient pris le pouvoir en leur nom" (Reed, 1966, p. 145).
Cependant, les bolcheviks ont rapidement établi une dictature du parti unique, qui a entraîné la répression des soviets de députés ouvriers.
Références historiques académiques
Alexander Rabinowitch, "The Bolsheviks in Power: The First Year of Soviet Rule in Petrograd" (Indiana University Press, 2007)
John Reed, "Ten Days That Shook the World" (Penguin Books, 1966)
Victor Serge, "Year One of the Russian Revolution" (Writers and Readers Publishing, 1992)
Paul Avrich, "The Russian Anarchists" (Princeton University Press, 1967)
Orlando Figes, "A People's Tragedy: The Russian Revolution 1891-1924" (Penguin Books, 1996)
En résumé, la citation de Fanny Kaplan a été souvent mal interprétée. Elle ne défendait pas une démocratie bourgeoise ou une économie capitaliste, mais plutôt une gestion directe de l'économie socialiste de la révolution russe. Kaplan s'opposait à la dictature des bolcheviks et défendait les soviets de députés ouvriers, qui représentaient les intérêts des travailleurs et des paysans.
Les bolcheviks affirmèrent que Kaplan agissait sous les ordres des "Blancs", les forces contre-révolutionnaires opposées au régime soviétique. Cette accusation leur permit de justifier une campagne de répression massive connue sous le nom de Terreur rouge. Cependant, les travaux d’historiens comme Alexander Rabinowitch contredisent cette version officielle.
Dans son ouvrage Les bolcheviks au pouvoir : la première année du régime soviétique à Petrograd (2007), Rabinowitch écrit :
"Il n’y a aucune preuve crédible que Kaplan ait été en contact avec les Blancs ou qu’elle ait reçu des instructions de leur part" (p. 246).
Rabinowitch, spécialiste reconnu de l’histoire soviétique, s’appuie sur des archives soviétiques et des témoignages contemporains pour démontrer que l’acte de Kaplan était probablement motivé par des raisons idéologiques personnelles plutôt que par une conspiration organisée.
9. Conditions de son exécution par la Tchéka
Kaplan fut immédiatement arrêtée et détenue dans des conditions extrêmement dures. Transportée à la Loubianka, célèbre siège de la Tchéka à Moscou, elle subit des interrogatoires intensifs. Bien que certains historiens soupçonnent qu’elle ait pu être torturée, il n’existe pas de preuves concluantes à ce sujet. Cependant, ses conditions de détention furent particulièrement éprouvantes, aggravant son état de santé déjà précaire.
Le 3 septembre 1918, la décision d’exécuter Kaplan fut prise dans le plus grand secret. Aucun procès public ne fut organisé, et elle fut abattue dans la cour d’une prison de Moscou d’une balle dans la tête par un agent de la Tchéka. Son corps fut ensuite incinéré afin de ne laisser aucune trace, empêchant qu’elle ne devienne un symbole pour l’opposition au régime.
10. Exploitation politique de l’attentat
L’attentat contre Lénine marqua un tournant pour le jeune régime soviétique. Selon Rabinowitch :
"L’attentat contre Lénine a été utilisé comme prétexte pour lancer une campagne de terreur contre les opposants politiques, et non comme une réponse à une menace réelle" (Rabinowitch, 2007, p. 251).
L’attentat permit aux bolcheviks de consolider leur pouvoir en instituant une répression brutale connue sous le nom de Terreur rouge. Cette campagne, dirigée par la Tchéka sous la supervision de Félix Dzerjinski, visait à éliminer toute opposition politique perçue comme une menace pour le régime. Les socialistes-révolutionnaires, les monarchistes, les forces bourgeoises et même certains dissidents au sein du mouvement ouvrier furent ciblés.
Selon l’historienne Sheila Fitzpatrick (The Russian Revolution, 1982),
"la Terreur rouge marqua une rupture entre la vision idéalisée de la révolution comme émancipation du peuple et la réalité brutale de l’État autoritaire en formation" (p. 103).
L’exécution sommaire de Fanny Kaplan et son instrumentalisation politique illustraient cette transition.
L’attentat donna également aux bolcheviks une justification pour renforcer l’appareil policier et militaire. Lénine lui-même, bien qu’affaibli par ses blessures, appela à une intensification des mesures coercitives pour "protéger la révolution des ennemis internes". Cet événement fut un catalyseur pour l’établissement d’un État de surveillance et de répression, qui allait définir les décennies suivantes du régime soviétique.
11. Kaplan, martyre ou criminelle politique ?
Les interprétations de l’acte de Kaplan varient considérablement selon les perspectives. Les bolcheviks la présentèrent comme une terroriste manipulée par les forces contre-révolutionnaires, une image destinée à légitimer leurs actions répressives. Cependant, les recherches historiques, notamment celles de Rabinowitch et Fitzpatrick, mettent en lumière une figure plus complexe.
Pour l’historien Orlando Figes (A People’s Tragedy: The Russian Revolution, 1891-1924, 1996), Kaplan symbolise une révolution trahie :
"Son acte désespéré reflète le désenchantement croissant envers un régime qui, au nom de la libération, avait instauré une nouvelle forme de tyrannie" (p. 513).
De son côté, l’historien Isaac Deutscher dans The Prophet Armed: Trotsky, 1879-1921 (1954) souligne l’impact psychologique de l’attentat sur Lénine et ses proches collaborateurs. Selon Deutscher,
"la peur constante d’un assassinat politique renforça chez Lénine la conviction que seule une dictature implacable pouvait sauver la révolution".
12. Kaplan et la mémoire historique
La mémoire de Fanny Kaplan reste profondément divisée. Dans les récits soviétiques officiels, elle fut effacée ou réduite au rôle d’une "traîtresse bourgeoise". À l’inverse, certains cercles dissidents et opposants au régime bolchevique ont tenté de la réhabiliter en tant que martyre du socialisme révolutionnaire.
Des chercheurs modernes comme Catherine Merridale (Lenin on the Train, 2017) ont exploré la façon dont l’État soviétique manipula les récits autour de figures comme Kaplan pour asseoir son contrôle narratif :
"En détruisant le corps de Kaplan et en contrôlant les informations sur ses motivations, les bolcheviks ont fait d’elle une absente omniprésente, une figure spectrale utilisée pour justifier leur propre violence" (p. 289).
13. Conclusion: la lutte pour le communisme passe par une lutte implacable contre les imposteurs contemporains bolcheviks
Fanny Kaplan demeure une figure emblématique et un symbole de la révolution socialiste trahie par les bolcheviks, qui ont substitué à la lutte des classes un régime de capitalisme d'État. En usurpant le pouvoir au nom de la classe ouvrière, ils ont imposé une bureaucratie oppressive qui a écrasé les aspirations révolutionnaires et ouvert la voie au stalinisme. Son acte incarne une opposition claire et déterminée à cette trahison, rappelant que l’émancipation de la classe ouvrière ne peut se réaliser que par son auto-organisation et sa lutte contre toutes les formes d’exploitation, y compris celles perpétrées sous le couvert du "socialisme". À nous de dévoiler ces imposteurs des groupes bolchevistes dégénérés, qui se cachent derrière une phraséologie révolutionnaire tout en continuant à salir le communisme par leurs trahisons
Références supplémentaires :
Fitzpatrick, S. (1982). The Russian Revolution. Oxford University Press.
Figes, O. (1996). A People’s Tragedy: The Russian Revolution, 1891-1924. Jonathan Cape.
Deutscher, I. (1954). The Prophet Armed: Trotsky, 1879-1921. Oxford University Press.
Merridale, C. (2017). Lenin on the Train. Penguin Books.
Nicolas Werth, historien des régimes staliniens
Nicolas Werth est un historien français contemporain spécialisé dans l'étude des régimes staliniens et de l'Union soviétique. Il est notamment connu pour avoir écrit la partie du Livre noir du communisme consacrée à la Russie soviétique et à l'URSS. Toutefois, Werth a pris ses distances avec la préface de Stéphane Courtois, qui affirmait que le communisme était par essence criminogène. Il a ainsi dénoncé une approche biaisée et simpliste de l'histoire du stalinisme. Werth a également critiqué le bilan des victimes du stalinisme établi dans la préface, qui selon lui sous-estime le nombre de victimes (entre 65 et 93 millions, selon ses estimations). Il a également dénoncé une "dérive de l'histoire exclusivement policière", qui réduit l'histoire du stalinisme à ses seuls aspects répressifs. Pour Werth, il est essentiel de traiter l'histoire du stalinisme avec nuance et précision, sans a priori ni préjugés. Il affirme que "le Livre noir n'est pas une somme définitive, encore moins une Bible. Étape d'une indispensable réflexion, il aura rempli son but s'il stimule de nouvelles recherches, sans tabous, mais aussi sans préjugés". En somme, Nicolas Werth est un historien qui cherche à comprendre et à expliquer les mécanismes du stalinisme et des régimes staliniens, plutôt que de simples dénoncer ou condamner. Son travail contribue à une meilleure compréhension de cette période complexe de l'histoire.
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